Publié le 23 Oct, 2025
Catégories : Cosmétique Histoire

Le problème vient du lavage

On parle souvent du foie, du cœur, des reins.

Rarement de la peau.


Pourtant, c’est le premier organe du corps

C’est notre frontière avec le monde extérieur.

Elle sait se réparer, s’adapter, réagir au froid, au vent, aux agressions.

Mais depuis quelques décennies, on la considère comme une simple surface à frotter.

Chaque jour, des millions de personnes décapent leur propre peau sans le savoir.

Gels douche "hydratants", savons "dermatologiques", mousses "antibactériennes"…

Ces produits ont un point commun : ils détruisent la barrière lipidique de la peau.

On appelle ça le film hydrolipidique. C’est une couche protectrice très fine, composée d’eau, de sébum et de bactéries bénéfiques.

Dès qu’on détruit la peau, elle se défend.

Rougeurs. Tiraillements. Sécheresse. Démangeaisons.

Puis vient la dépendance aux crèmes réparatrices, nécessaires uniquement parce qu’on a altéré ce que la peau fabriquait naturellement.

« Le problème n’est pas votre peau. C’est ce qu’on lui fait. »


Plus on agresse, plus la peau se défend

Ce n’est pas un hasard si la peau se fragilise aujourd’hui.

Ce ne sont ni la génétique, ni la malchance.

Nos habitudes d’hygiène modernes abîment notre barrière cutanée.

La plupart des produits d’hygiène du commerce contiennent des sulfates (SLS, SLES). Ce sont des détergents puissants, efficaces pour dégraisser un moteur, beaucoup moins pour préserver l’équilibre biologique d’une peau humaine.


Conséquence :

  • Peau qui tire après la douche
  • Mains rêches et fendillées en hiver
  • Démangeaisons sur les avant-bras et les tibias
  • Cuir chevelu irrité
  • Et chez beaucoup, cela peut entraîner un eczéma de contact ou une dermatite irritative.


Ce ne sont pas des "problèmes personnels"

Ce sont des conséquences d'un lavage trop agressif.

Nous avons fait de l’hygiène une lutte contre la vie microscopique de notre peau.

Résultat : une prolifération de peaux fragilisées.

« Nettoyer n’est pas décaper. »


Pourquoi la peau a-t-elle besoin de gras

Il existe une idée simple, presque trop simple pour être prise au sérieux :

La peau a besoin de lipides pour rester en bonne santé.

Pas n’importe quelle graisse.

Des lipides capables de renforcer la barrière cutanée et de retenir l’hydratation dans l’épiderme.

Sans ce bouclier lipidique, l’eau s’évapore et la peau se fissure.


Les sages le savaient

Avant l’ère des gels douche, on se lavait avec des savons gras ou des mélanges à base de lait.

Les bergers utilisaient le suif.

Les paysans savaient récupérer la graisse de cuisson pour fabriquer des savons de ferme. C’était efficace et simple.

Les anciens connaissaient la solution sans laboratoire ni molécules de synthèse.

Ils utilisaient des graisses naturelles :

  • Au Moyen-Orient : savon d’Alep à l’huile d’olive riche en acides gras
  • Dans les campagnes d’Europe : savons paysans au saindoux
  • Dans les Alpes : soins à base de graisse animale pour se protéger du froid.
  • En Scandinavie : pommades protectrices faites de graisse de phoque.

Pourquoi cela fonctionnait-il ?

Parce que le gras préserve la peau.


Le gras permet :

  • de limiter la déshydratation après la douche,
  • de réduire les irritations,
  • de maintenir l’élasticité de la peau,
  • et surtout, de respecter son équilibre.

Ce n’est pas une croyance, c’est un fait.


Le gras est essentiel

C’est lui qui permet à la peau de rester souple, stable, étanche et protectrice.

Le saindoux occupe une place unique parmi tous les gras traditionnels utilisés pour le savon.

Sa composition en acides gras est très proche de celle du sébum humain, ce qui en fait une matière première idéale pour la peau.

Pourquoi le saindoux surpasse les huiles végétales

Le sujet est concret, pas idéologique.

Parfois, le mot “saindoux” déclenche un réflexe de méfiance.

On pense cuisine paysanne, charcuterie, graisse animale “ringarde”.

C’est parce que nous avons été conditionnés à penser que tout ce qui vient de l’animal est mauvais, et que les huiles végétales seraient meilleures.


Les faits montrent le contraire

Le saindoux est une matière première remarquable pour la peau.

Il contient 60 à 70% d’acide oléique (oméga-9), le même que dans l’huile d’olive et celui qui compose en grande partie le sébum humain.

Résultat : il pénètre, il assouplit, il répare.

Contrairement à beaucoup d’huiles végétales utilisées en savonnerie (coco, palme), le saindoux :

  • Ne décape pas la peau,
  • Produit un savon onctueux et délicat,
  • Laisse un film protecteur.
  • N’est pas irritant même pour les peaux sensibles.

Autre avantage décisif : il contient des triglycérides très proches de ceux du sébum humain.

Le saindoux agit en symbiose avec la peau, là où les huiles végétales sont intéressantes mais restent superficielles.

Le saindoux renforce la barrière cutanée au lieu de la fragiliser.

Voilà pourquoi il est efficace.

La méthode change tout

Un bon ingrédient ne suffit pas.

On peut faire un mauvais pain si on utilise une méthode inappropriée, même en prenant une farine d’exception.

C’est pareil avec un savon. Tout dépend de la méthode de fabrication.

Aujourd’hui, la majorité des savons vendus (même ceux qui se disent “naturels”) ne sont pas fabriqués de manière artisanale.

Ils sont issus de bondillons, des pâtes de savon industrielles.

Ces bondillons sont produits en masse en Malaisie, en Indonésie ou en Chine, à base d’huile de palme ou de coprah.

Les marques européennes les achètent, les refondent, ajoutent parfum + colorant… et appellent ça du “savon artisanal”.

C’est un abus, mais légalement accepté.

Problème : dans ce procédé industriel, la glycérine naturelle est retirée pour être vendue à l’industrie cosmétique.

On obtient alors un savon qui nettoie, mais qui décape la peau.

On enlève du gras, puis on vend des crèmes pour réparer les dégâts.

Cercle parfait du business moderne.


Il existe une autre voie : la saponification à froid

Ce procédé préserve la glycérine naturelle issue de la réaction de saponification.

Il permet de surgraisser le savon, c’est-à-dire laisser une partie du gras intacte pour protéger la peau après le lavage.

Un bon savon n’est pas celui qui sent fort ou mousse beaucoup, mais celui qui prend soin de la peau.

Les peaux sensibles ne sont pas fragiles par nature

Aujourd’hui, beaucoup de gens vivent avec des problèmes de peau.

Pas une maladie grave, mais une gêne quotidienne et persistante.

Une peau qui est sèche après la douche.

Qui gratte au niveau des avant-bras.

Qui rougit facilement.

Des mollets qui grattent l’hiver,

Des mains qui se craquellent,

Des lèvres fendillées malgré les baumes.

On en vient à penser que c’est “normal”.

On a la peau sèche, c’est comme ça.

Ou pire : qu’il faut “acheter une autre crème”.


Et puis il y a les enfants

Ceux qui, l’hiver, ont des dartres sur les joues, ou des plaques sèches dans le cou et derrière les genoux.

On appelle ça “peau atopique” et on utilise une pommade à la cortisone.

Mais on oublie souvent de regarder la cause simple : l’hygiène moderne décape la peau et détruit sa protection naturelle.

Une peau qui souffre est souvent une peau pauvre en lipides.

Quand la barrière cutanée est abîmée, des réactions en chaîne se produisent :

  • La peau perd son eau : déshydratation
  • Les agressions passent : inflammation
  • Le système immunitaire réagit : rougeurs, démangeaisons.

C’est particulièrement vrai pour les personnes à peau sèche ou réactive, et celles sujettes à l’eczéma.


Dans ces cas, le choix du savon est essentiel

Car il existe deux manières de se laver :

  • On peut décaper sa peau chaque jour et ensuite compenser avec des crèmes.
  • On peut laver en respectant sa peau, préserver sa barrière naturelle et lui fournir les lipides nécessaires.

Le rôle d’un bon savon n’est pas de “purifier” la peau. C’est de la laisser intacte après le lavage.

Et ça, seuls certains types de graisses peuvent le réaliser.

Des graisses stables et protectrices, similaires à la composition du sébum humain.

Comme le saindoux.


Pourquoi utilisons-nous le saindoux ici ?

Je n’ai pas choisi le saindoux par nostalgie.

Je l’ai choisi parce qu’il est sensé.

Mon métier de cuisinier-paysan m’a appris une chose simple : dans la nature, tout est question d’équilibre.

On ne force pas les choses, on les accompagne.

On ne cherche pas à dominer la matière, on la comprend.

C’est vrai pour le levain, le jambon long affinage, le blé truffier, le vin ou la truffe… et c’est vrai pour le savon.

Quand nous avons commencé à travailler sur l’hygiène de la peau, nous sommes partis de la biologie.


La peau est un organe actif composé de lipides

Il faut donc un savon approprié, riche en lipides.

Le saindoux s’est imposé naturellement parce qu’il est efficace.

Mais pas n’importe quel saindoux.

Pas une graisse industrielle raffinée à l’autre bout du monde.

Nous utilisons un saindoux de porc gascon, issu d’une agriculture agroforestière, chez des éleveurs passionnés.

C’est une graisse propre, de qualité, issue d’animaux élevés lentement.

Il y a une autre vérité importante : respecter l’animal, c’est tout utiliser

Dans la tradition paysanne, tuer un animal n'est jamais anodin.

C'est un acte grave qui impose une responsabilité : honorer cette vie en utilisant tout.

La viande, bien sûr.

Mais aussi les os pour le bouillon.

Les couennes pour la charcuterie.

Et le gras pour cuisiner, conserver, protéger.


Rien ne se perd car tout a une fonction

L'industrie moderne a rompu ce pacte. Elle prend les morceaux nobles, puis jette le reste ou le transforme en sous-produits dévalorisés.

Nous, nous gardons cette logique paysanne :

Le saindoux n'est pas un déchet. C'est une matière noble qui mérite d'être valorisée.

Dans notre savon, il retrouve sa fonction première : protéger et nourrir.

C'est une forme de respect total envers l'animal.

Faire du savon avec du saindoux, c'est perpétuer cette sagesse :

Utiliser chaque partie.

Ne rien gaspiller.

Nous fabriquons ce savon avec la même éthique que notre pain ou nos jambons : en respectant la matière première, en comprenant sa nature profonde, en lui donnant sa pleine expression.


Sa formule

  • Saindoux de Porc Gascon, riche en acides gras similaires à ceux du sébum humain
  • 8 % de surgras (protection de la peau)
  • Saponification à froid (méthode artisanale)
  • Glycérine naturelle (préservée)
  • Huile essentielle de Lavande vraie (équilibre subtil) ou de Romarin (tonique, favorise la pousse des cheveux)
  • Rien à cacher : 0 huile de palme, 0 parfum synthétique, 0 colorant.
Eau florale et huile essentielle en suspension pendant la distillation


Sa fonction

Un savon doit d’abord nettoyer. Mais quand il est bien formulé, il peut offrir bien plus :

  • Nettoie sans agresser
  • Protège le film hydrolipidique
  • Réduit les sensations d’inconfort et de sécheresse
  • Respecte les peaux sensibles
  • Adapté aux peaux sujettes à l’eczéma, pour un usage quotidien


Sa cohérence

Comme beaucoup, nous aurions pu ajouter une liste de 30 ingrédients pour paraître « sérieux », ou parfumer au muguet du Japon, monoï des Seychelles ou verveine tropicale pour donner une touche d’exotisme.

Nous avons fait l’inverse : simplifier au maximum.

Parce qu’une formule courte perturbe moins la peau.

Son INCI tient en une seule ligne : Sodium Lardate, Aqua, Adeps Suillus, Glycerin, Lavandula Angustifolia Oil, Linalool.

(L’INCI est la nomenclature internationale obligatoire qui liste les ingrédients des cosmétiques. Elle les classe par ordre décroissant de quantité.)

6 ingrédients. Rien de plus. Rien de caché. Rien d’inutile.


Pourquoi nous avons choisi la lavande et le romarin (et pas cherché à ajouter un parfum au savon)

Nous n’avons pas ajouté des huiles essentielles pour “faire joli” ni pour créer un savon parfumé.

Nous les avons ajoutés pour une raison : leurs propriétés largement documentées.

Même à très faible dose, l’huile essentielle de lavande joue trois rôles utiles :

  • Antiseptique doux pour peaux acnéiques et sensibles
  • Action apaisante, rasage, cuir chevelu irrité et pellicules
  • Parfum naturel subtil

L’huile essentielle de romarin :

  • Purifie et assainit la peau.
  • Stimule la microcirculation locale :
  • Cuir chevelu : freine les pellicules + équilibre l’excès de sébum.

Ce savon, ce qu’il fait

  • Nettoie sans décaper
  • Renforce la barrière lipidique
  • Réduit les sensations désagréables après la douche
  • Diminue les crevasses et irritations des mains qui travaillent.
  • Protège la barrière cutanée
  • Apaise les peaux sensibles
  • Adapté aux peaux sujettes à l’eczéma
  • Peut être utilisé pour la barbe (mousse fine, bonne glisse)


Ce qu’il ne fait pas

  • Ne "guérit" rien.
  • N’est pas un médicament
  • Ne laisse pas de parfum artificiel sur la peau


Un savon né du terrain

Nous avons fait ce savon pour une raison simple : il prend soin de la peau.

Au domaine, on se lave les mains des dizaines de fois par jour, entre la cuisine, les champs et l'atelier.

L'eau calcaire, le froid, les produits du commerce…

Résultat : gerçures, crevasses, peau qui tire.

On a cherché des solutions.

Testé des dizaines de savons "doux", "surgras", "réparateurs".

Rien ne fonctionnait vraiment.

Alors, nous avons décidé de le faire nous-mêmes.

Pas pour créer un produit de plus, mais pour résoudre un problème concret.

Une approche rigoureuse

Je ne me suis pas improvisé savonnier.

Dès 2010, j'ai étudié l'aromathérapie avec le Dr Daniel Pénoël pour comprendre les huiles essentielles et leur action sur la peau.

En 2015-2016, formation approfondie à la saponification à froid avec Franck Dubus, docteur en pharmacie et toxicologue.

Objectif : maîtriser la technique pour créer un savon qui respecte la peau

Nous avons travaillé méthodiquement :

  • Comprendre la biochimie de la peau
  • Tester différentes formulations
  • Ajuster jusqu'à obtenir le bon équilibre

Ce savon n'est pas une idée. C'est une réponse.

Il fait ce qu'on attend de lui : nettoyer sans agresser, protéger en laissant la peau respirer.

C'est tout.

Si ce que je décris ici vous intéresse, vous pouvez l’essayer.

Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler

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