Publié le 23 Oct, 2025

Pourquoi le savon au saindoux revient

On m'a souvent demandé pourquoi nous avons choisi le saindoux pour fabriquer notre savon.

Certains sourient, d'autres grimacent.

Je comprends : dans un monde où tout doit sentir la noix de coco des îles, utiliser du gras de cochon paraît anachronique.

Pourtant, nos peaux n'ont jamais été aussi malmenées qu'aujourd'hui.

 

La peau, cet organe qu'on détruit chaque jour

On parle souvent du foie, du cœur, des reins.

Rarement de la peau.

Pourtant, c'est notre plus grand organe, un bouclier invisible qui nous protège.


Mais que lui faisons-nous ?

Chaque jour, des millions de personnes décapent leur propre peau sans le savoir.

Gels douche "hydratants", savons "dermatologiques", mousses "antibactériennes"...

Ces produits ont un point commun : ils détruisent le film hydrolipidique, cette fine couche d'eau, de sébum et de bactéries utiles qui nous protège.

Résultat : rougeurs, tiraillements, démangeaisons.

Puis vient la dépendance aux crèmes réparatrices.

On crée le problème, on vend la solution.

Cercle parfait du commerce moderne.

Trois mille ans de bon sens agricole

Le premier savon n'est pas apparu dans un laboratoire.

Il est né d'une évidence paysanne : on ne jette pas la graisse d'un animal qu'on a élevé avec soin.

Depuis Babylone, 2800 ans avant notre ère, l'équation est la suivante : feu + eau + cendre + graisse = savon.

Pourquoi la graisse animale ?

Parce que nos ancêtres avaient compris ce que la science moderne redécouvre : le saindoux contient 45 % d'acide oléique, le même que dans notre sébum.


La peau reconnaît ce langage. Elle s'y retrouve.

Contrairement aux huiles de coco ou de palme qui décapent, le saindoux produit un savon onctueux qui laisse un film protecteur naturel.

Saponifié à froid, surgras à 8 %, la glycérine est conservée.

C'est de la chimie simple et efficace.


Le scandale de l'exotisme écologique

Au XIXe siècle, l'industrie a inventé un mensonge : "La graisse animale, c'est sale. L'huile végétale, c'est propre."

Biologiquement faux, commercialement rentable.

Aujourd'hui, les savons "verts" parcourent 8 000 kilomètres — huiles de coco, de jojoba, de karité — pour se revendiquer écologiques.

Ici, le Porc Gascon broute sous les chênes. Son gras ne voyage pas.

Il ferme la boucle : le gland nourrit le cochon, le cochon enrichit la terre, la terre nourrit les chênes.

Le savon fait partie du même cycle.

Comme pour notre pain au levain ou notre potager-verger.

Valoriser le gras, c'est respecter l'animal dans son intégralité.

L'unité des gestes de la Maison Duler

Chez nous, tout est lié :

  • Pain au levain indigène : fermentation lente, levures et bactéries locales, même science du vivant que la saponification à froid.
  • Blé truffier : cultivé sans intrants, enraciné dans un sol mycorhizé qui nourrit les racines du blé comme le saindoux nourrit la peau.
  • Agneau des truffières : élevé sous les arbres, riche en oméga‑3, reflet de l'équilibre du sol et de l'air.
  • Porc Gascon agroforestier : son gras dense, point de fusion idéal, donne au savon sa texture et sa stabilité.
  • Jambon long affinage : jusqu'à 110 mois pour prouver que le temps est un ingrédient.
  • Potager‑verger sauvage, oliviers, pâturage tournant dynamique : tout circule, rien n'est perdu.


La méthode qui change tout

Un bon ingrédient ne suffit pas.

La majorité des savons "naturels" viennent de bondillons industriels malaisiens ou chinois, refondus et parfumés en Europe.

La technique est simple : ils retirent la glycérine pour la revendre, on obtient un savon qui décape.

Puis ils nous vendent des crèmes réparatrices enrichies en glycérine.

Chez nous, c'est différent, nous pratiquons la saponification à froid.

La glycérine reste dans le savon

Le surgras offre une protection.

Six ingrédients seulement : saindoux, eau, soude, glycérine naturelle, lavande, linalol.

Rien à cacher.

Pourquoi nos mains ne souffrent plus

Nous avons commencé ce savon par besoin.

Les produits du commerce abîmaient nos mains : lavages répétés, froid, eau calcaire.

J'ai étudié l'aromathérapie avec le Dr Pénoël, la saponification avec le Dr Dubus.

Pas pour faire joli. Pour que ça marche.

Aujourd'hui, ce savon nettoie sans décaper.

Il renforce la barrière lipidique.

Il convient aux peaux sensibles, y compris celles sujettes à l'eczéma.

Les mains des cuisiniers, des jardiniers, des fromagers l'ont approuvé avant vous.


Ce que ce savon nous apprend

Un savon au saindoux dérange parce qu'il évoque une vérité oubliée : le lien entre l'animal, la terre et nous.

Il nous rappelle qu'on peut être maître de ce qui touche notre corps.

Ce n'est pas de la nostalgie.

C'est reprendre le contrôle.

Savoir d'où proviennent les matières qui touchent notre peau.

Reconnaître que tout ce qui vient de la terre a une fonction.


En réalité

Le savon au saindoux ne revient pas à la mode.

Il revient à la raison.

Après trois mille ans d'existence, il nous rappelle une évidence : le vivant se répare avec le vivant.

Notre peau n'est pas faite pour les molécules pétrochimiques.

Elle reconnaît ce qui lui est familier.

Découvrez ce que votre peau attend depuis longtemps

Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler

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