Le doute et la foi 

Il y a quelques années, un copain parisien m’avait dit :

« A Paris, on te voit comme le gars qui sait tout, c’est un peu agaçant. »

Je lui avais répondu  « c’est tout l’inverse, je ne sais rien. »

Mais j’ai la foi.

La foi du paysan

Quand je plante un jeune plant de chêne truffier, je ne sais pas s’il va pousser, je ne sais pas si un lièvre ne va pas le manger ou un sanglier le déterrer. Je ne sais pas s’il donnera de la truffe un jour et encore moins quand.

Mais j’ai la foi, la foi dans la nature, la foi dans l’expérience et dans la persévérance.

Je ne connais pas la météo à l’avance, je ne sais pas si mes tomates vont geler dans le potager, je ne sais pas si mon blé va être ravagé par un orage.

En ce moment je suis encore en train de tailler mes derniers chênes truffiers. J’aurais dû finir de tailler fin mars début avril.

Défis et décisions

En ce moment les petites truffes commencent à naître et il ne faut pas stresser l’arbre dans cette période.

Mais si je ne taille pas ces arbres cette année, je devrais attendre l’année prochaine et être obligé de tailler plus sévèrement et c’est aussi une mauvaise chose.

J’ai décidé de ne pas procrastiner et de finir cette année.

Mais est-ce que c’était la bonne décision ? Je le saurai dans quelques années, ou pas.

C’est mon lot quotidien, et bien sûr, régulièrement je doute, est-ce que je n’aurais pas dû faire autrement ?

La philosophie du cuisinier

Mais ce dont je ne doute pas, ce en quoi j’ai la foi, c’est que ces produits qui ont poussé face aux éléments naturels, qui ont bravé la météo, résisté aux prédateurs, sont très très bons.

Et le cuisinier doit en prendre un soin immense, ne pas les bafouer.

Il doit avoir l’audace d’en faire moins pour faire mieux.

La cuisine se grandit par le produit et non l’inverse, c’est ma conviction.

La créativité, c’est la terre qui me la donne.

Je cultive mon inspiration en cultivant la terre, c’est ce qui me fait vibrer.

C’est ce que je vous propose à notre table.

Et vous, qu’est ce qui vous fait vibrer ? 

Découvrez le luxe de la simplicité

Merci d’avoir lu cette lettre, il me tenait à cœur de la partager avec vous. 

Patrick Duler
Fondateur de la Maison Duler

P.S. : Régulièrement,  je vous livre un regard original sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire. Je mets en lumière cet égarement qui débute dans les coopératives agricoles pour atteindre même les restaurants étoilés et les guides gastronomiques.

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